ARBITRAGE
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Rubrique des Arbitres
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| Rubriques de Olivier BEAUVILLAIN - Bridgeur n° 712 - 15 novembre 1998 | |
Ethique et toc |
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Deux des cas les plus typiques visés par cette loi sont :
En général, le joueur de flanc avant de fournir son singleton réfléchit à ce qu'il va défausser après ou, s'il est déclarant, à la carte qu'il va mettre du mort et/ou rejouer pour la levée suivante. Rappelons que les levées se jouent en succession et que l'attaque d'une levée se fait par le joueur qui a gagné la levée précédente. Il convient qu'une levée soit complète et de savoir qui l'a remportée pour s'intéresser à la suivante.
quand on n'imagine pas de duquer. Pour l'illustrer, voici un vieil exemple : Vous avez A V secs derrière R D 10 9 du mort qui dispose de rentrées. Connaissez-vous un joueur qui fournirait le Valet sous la Dame ? Moi, non. Une telle hésitation, avant de prendre cette Dame, est une infraction aux lois sur les convenances.
Voici deux exemples vécus qui pourront vous faire mieux comprendre ces irrégularités.
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| Sud | Ouest | Nord | Est |
1  |
passe | 2  |
passe |
| 2 SA | passe | 3 SA | fin |
Entame : 6 de Cœur.
Résultat : 3 Sans-Atout égal. Nord-Sud, + 600.
Les faits
Sud joue 3 Sans-Atout sur l'entame du 6 de Cœur pour l'As. Est rejoue le 9 de Cœur, sur lequel Sud "hésite" vingt à trente secondes avant de fournir le Valet. Ouest se trouve à la croisée des chemins : duquer pour garder la communication paraît bon, mais n'est efficace que si Est a le dernier Cœur. Sinon, le Roi de Cœur est empaillé et cela coûtera une levée, qui est peut-être la levée de chute. Et après tout, un IMP est un IMP ! Ouest a donc pris le Roi de Cœur et le déclarant a gagné son contrat.
L'enquête faite à la table a révélé que le déclarant "savait" qu'on allait duquer le Cœur et sa réflexion était seulement de savoir s'il allait garder la main chez lui ou prendre du mort.
L'arbitrage
L'arbitre a considéré (Loi 73 D 2 et 73 F 2) que l'hésitation avant de fournir la carte devenue singleton avait pu léser le camp non fautif (Cf. 73 D 2). Il a donc attribué une marque ajustée (Cf. 73 F 2). En pratique, à la table, le déclarant a une chance sur deux de faire la bonne impasse. Il semble donc logique de donner le contrat gagné une fois sur deux et chuté une fois sur deux. Mais, la Loi 12 C 2 sur les marques ajustées prévoit que toute option sera tranchée en défaveur du camp fautif. Le déclarant perd tout droit à faire la bonne impasse, et le score devient 3 SA - 1.
Appel
Nord-Sud ont fait appel de cette décision.
En appel
Sud a répété ses arguments, ajoutant qu'après les défausses du flanc, il aurait fait la bonne impasse au moins une fois sur deux, sinon à chaque fois.
Le comité d'appel
Le comité d'appel a approuvé la décision de l'arbitre.
La décision
Décision maintenue.
Commentaire
Evitez d'hésiter dans une telle situation. Si vous ne savez pas quoi jouer du mort, réfléchissez quand vous aurez à jouer du mort, mais pas au moment de fournir une carte de votre main. Vous n'avez rien à gagner, mais au contraire tout à perdre.
Un autre exemple a été traité en appel à Aix-la-Chapelle aux cinquièmes championnats d'Europe mixtes, en mars 98.
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| Sud | Ouest | Nord | Est |
| passe | 1 SA | fin |
Entame : 5 de Cœur.
Résultat : 1 Sans-Atout moins trois. Nord-Sud, + 300.
Les faits
L'arbitre a été appelé après le jeu. Ouest se plaignait d'avoir été trompé par une hésitation de Sud à la deuxième levée. L'entame a été prise en main par le 10 de Cœur et Ouest a joué un petit Trèfle pour la Dame du mort. Après 30 à 45 secondes, Sud a pris de l'As et rejoué Carreau. Ouest a pris le troisième Carreau et a rejoué Trèfle. Nord-Sud ont alors encaissé cinq Trèfles, trois Carreaux et l'As de Cœur en tout. Ouest a dit qu'il aurait testé les Piques si Sud avait pris le Trèfle dans un tempo normal, et qu'il aurait fait son contrat.
L'arbitrage
L'arbitre a maintenu le résultat.
Appel
Est-Ouest ont fait appel de cette décision.
En appel
Ouest a dit qu'après l'hésitation, il ne pouvait pas imaginer une telle distribution des Trèfles, et qu'il avait continué Trèfle plutôt que Pique car l'hésitation lui avait donné une (fausse) sécurité de réussite. Nord a dit que l'hésitation était au plus de 30 secondes, due à la fatigue d'une longue journée, et admis que Sud aurait dû prendre la levée du Roi.
Le comité d'appel
Le comité d'appel a trouvé hautement répréhensible que Sud prenne autant de temps pour décider avec quel honneur elle devait s'emparer de la levée et d'utiliser alors une carte trompeuse, sachant, fatiguée ou non, que si le déclarant rejouait la couleur elle ferait le reste des levées dans la couleur. La fédération européenne demande à ses membres une éthique de meilleure qualité que celle démontrée en la circonstance.
L'EBL ne souhaite pas tolérer de telles pratiques. Le comité a trouvé que la ligne de jeu d'Ouest n'était pas déraisonnable après l'hésitation.
La décision
Le score est changé en 1 Sans-Atout égal, 90 pour Est-Ouest. Nord-Sud sont pénalisés d'un demi-top pour leur conduite contraire à l'éthique (environ 2 %).
Commentaire
Je sais que vous ne commettez jamais de telles inconvenances et j'espère que la juste sanction de telles pratiques (un zéro sur la donne au lieu d'un top, et en outre un demi-top de pénalité) dissuadera vos adversaires de les essayer contre vous.
Loi 12 C 2 : (Extrait)
... Le camp fautif marque le résultat défavorable le plus probable...
Loi 73 D 1 : (Extrait)
Il est souhaitable, pas toujours obligatoire, que les joueurs
gardent un tempo régulier et un comportement constant.
Cependant, les joueurs devront être particulièrement vigilants dans des
situations où des variations sont susceptibles de profiter à leur camp...
Il est interdit d'essayer de tromper un adversaire au moyen de remarques ou de gestes, par hâte ou hésitation en déclarant ou jouant (par exemple en hésitant avant de fournir un singleton), ou par le comportement selon lequel la déclaration ou le jeu est fait.
Si l'arbitre détermine qu'un joueur non fautif a tiré une mauvaise inférence d'une remarque, d'un comportement, d'une variation de tempo ou l'équivalent d'un de ses adversaires qui n'avait sur le plan du bridge aucune raison valable pour justifier cette action et qui, en outre, aurait pu savoir au moment de son action que celle-ci aurait pu lui profiter, il attribue une marque ajustée (voir Loi 12 C 2).
