ARBITRAGE

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Rubrique des Arbitres

 


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Rubriques de Philippe LORMANT - Bridgeur n° 718 - 15 mai 1999

Le Code 1997 - A vos marques !


Philippe Lormant, arbitre national,
directeur national de l'arbitrage
 


"Si la Loi s'applique à tous, elle doit être accessible à chacun"

A chacun son dû. Quoi de plus frustrant que de constater que vos onze levées, péniblement engrangées cartes en main, ont été réduites à dix, à l’heure des comptes ! L'incident n’est pas si rare sans que pour autant la bonne foi des uns ou des autres soit en cause. "Egal" avez-vous déclaré en Ouest après avoir réalisé des prouesses pour gagner votre contrat de 3 Piques. "Egal" a confirmé Sud en inscrivant 2 Piques par Ouest, 110. Vous avez certes jeté un coup d’œil sur la fiche ambulante mais, permettez-moi l’expression, ça n’a pas fait tilt. Il y avait d’ailleurs beaucoup d’autres 110 inscrits dans la même colonne. Un autre jour, ce sont vos deux levées de mieux qui sont réduites à une. Bref, ne me dites pas "qu'à vous ça n’arrive jamais" ou alors, ceux que j’arbitre ne sont pas ceux qui me lisent !
 

Vérifiez la marque

On l’ignorait parfois, mais en principe, le mal était autrefois sans remède. Même si - votre adversaire sous le bras - vous partiez, tournoi terminé, à la recherche de l’arbitre, vos réclamations, plaintes et autres jérémiades devaient le laisser imperturbable. Tout juste pouvait-il vous offrir sa compassion et je ne suis pas certain que vous vous en contentiez de bonne grâce. L'arbitre, même convaincu, était ligoté, le Code était formel, en aucun cas il ne pouvait accorder une augmentation de votre score. Pour faire bonne mesure, le Règlement national des compétitions de la FFB en rajoutait une couche en insistant "aucune augmentation du score ne peut être octroyée". L'accord sur le nombre de levées réalisées devait se faire avant que les quatre mains ne soient remises dans l’étui, on ne pouvait ensuite revenir dessus. Tout juste pouvait-on vous proposer de rectifier, à la baisse, le score de vos adversaires. La belle affaire ! On vous comptait 10 levées et on en comptabilisait deux à l’adversaire. A se demander où était passée la treizième.

Conseil :

Même si vous êtes Est-Ouest, vérifiez toujours,. non seulement le score, mais aussi le contrat et la résultat marqués, y compris éventuellement ta mention du contre et du surcontre. Conseil évident, presque niais, mais les incidents ne sont pas rares.

Code 1997: le bon sens

Disons-le franchement, le diktat du code précédent était abusif. On dit (est-ce une légende ?) que cette rédaction sans nuance était la conséquence d’un incident survenu entre deux joueurs connus d’outre-Atlantique dont l’un avait quelque influence sur la rédaction du Code. Peu importe que l’histoire soit vraie ou non, avec le nouveau texte, l’arbitre ne sera plus contraint par une Loi excessive pour ne pas dire scélérate. Il dispose désormais de la possibilité de rectifier une marque, s’il est convaincu que la correction est la traduction fidèle de ce qui a été réalisé à la table.

Si vous êtes victime d’un tel incident, allez voir l’arbitre dès que vous en aurez connaissance, mais, dans la pratique, il vous faudra le plus souvent convaincre vos adversaires de vous accompagner. Si vous avez raison, nul doute qu’ils le reconnaîtront sans difficulté et sous réserve que l’arbitre soit convaincu, il pourra vous accorder satisfaction. Attention toutefois, cette rectification n’est pas de droit si la réclamation porte sur le résultat ou la hauteur du contrat. L’accord sur le nombre de levées réalisées doit toujours se faire avant de remettre vos cartes dans l’étui.

Ne tardez pas non plus, il y a quand même un délai de 30 minutes après la mise à disposition des résultats sauf stipulation contraire de l’organisateur. Passé ce délai, vous êtes définitivement forclos (1).

(1) J’avais encore l’encre au doigt quand, lors de la finale nationale du paires mixtes Excellence au Nogentel, un joueur vint signaler, lors de la 3ème ou 4ème séance, une erreur de résultat (nombre de levées) survenue à la première séance. Mon excellent collègue Jean Audebert ne put que lui faire part de ses regrets.

Conseil :

Si, à la fin du tournoi, vous êtes en désaccord avec un score qui vous est attribué, allez sur-le-champ voir l’arbitre. Il peut :

a) s’agir d’une erreur de saisie. Elle sera corrigée sans difficulté.

b) S’agir d’une erreur de calcul du score ou de vulnérabilité. Là aussi, si vous avez raison, la correction sera automatique.

c) S’agir d’un désaccord sur le nombre de levées réalisées. Dans ce cas, l’arbitre devra soigneusement vérifier avec vous et vos adversaires, le bien-fondé de votre réclamation. Convaincu et sauf autre motif de refuser, il pourra procéder à la rectification. C’est sur ce seul dernier point que le texte du Code a été modifié *.

* Tout serait pour le mieux si, malheureusement, cette nouvelle disposition plus souple n’était pas ignorée de la version française présentée par la FFB I Mea culpa, le principal responsable n’est autre que le signataire de ces lignes et bien que la modification de la Loi 79, la Loi en cause, n’avait pas échappé au comité de rédaction, ce n’est pas le bon texte qui a été imprimé. Arbitres et comités ont été aussitôt alertés, mais les joueurs ne sont pas forcément au courant. "Le Bridgeur" est là pour les informer.
J’ai commencé cette rubrique en écrivant à chacun son dû. Vous me devez cette erreur, je vous dois des excuses.

Courrier

Monsieur Conquy, de Tours, me demande "Faut-il alerter le contre d’appel du joueur n° 2 quand ce contre, par agrément, montre une valeur d’ouverture, toutes distributions ?".
La réponse est oui sans hésitation, vos adversaires peuvent raisonnablement ne pas deviner un tel agrément fortement dérogatoire du système habituellement pratiqué. Si vous vous trouviez en face d’un autre joueur que votre partenaire habituel, utiliseriez-vous le contre d’appel avec 13 H toutes distributions, sans en avoir parlé avec lui ?
Je vous souhaite de répondre non, sauf à rechercher systématiquement les pataquès. S’il peut raisonnablement se tromper, pourquoi voulez-vous que vos adversaires, eux, comprennent ?

Monsieur Kleinbort, de Larchant, m’écrit : "Le mort peut demander au déclarant s’il peut fournir alors qu’il défausse". Il ajoute "c’est injuste, le flanc n’a pas le droit de le faire et nous sommes tous égaux devant la Loi".
Egaux ou non, c’est la Loi. Et puis, il y en a qui sont plus égaux que d’autres, le déclarant par exemple, on lui permet même de regarder les cartes de son partenaire (!), ce qui est rigoureusement interdit aux joueurs du flanc.
Plus sérieusement, je dirais que ce droit du mort - il en a peu - n’a rien d’exorbitant car en posant cette question il ne véhicule aucune information à son partenaire, alors que pour le camp de la défense la même question est souvent porteuse d’une information illicite. C’est la raison pour laquelle dans la zone européenne et depuis 1989, je crois, cette question n’est pas autorisée en défense.

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